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A chacun sa feuille

vendredi 6 octobre 2006, par Michel DANTEC

L’hiver est là, et c’est sûrement l’occasion de penser à des jours plus lointains en collectant quelques feuilles lors de nos trop rares promenades dominicales dans les forêts avoisinantes. L’époque la plus propice pour cette collecte est l’automne, lorsque les arbres ont perdu leurs feuilles. Celles qui sont fraîchement tombées sont à éviter. Leur vitalité biologique naturelle n’étant pas encore complètement épuisée. L’utilisation précoce de ce matériau peut conduire à une catastrophe sous la forme d’une pollution organique du milieu (opalescence de l’eau). Celles qui sont de couleur marron, donc séches, ont commencé à subir une légère décomposition, achevant leur vie biologique. A cette époque, leur altération est limitée, et les micro-organismes qui vont au cours de la saison les dégrader complètement et les transformer en humus, juste retour à la Nature, n’ont pas encore eu trop le temps d’intervenir.
Juste un point à préciser : la collecte du terreau de feuilles en forêt est soumise à réglementation. Je ne pense pas qu’un joli bouquet de feuilles prélevées dans les fossés et bien rangées dans un panier d’osier puisse, en principe, vous causer des désagréments avec le garde forestier local.

Pourquoi utiliser ces feuilles ? Tout simplement parce que cet élément naturel est un bien précieux pour l’aquariophile qui souhaite élever des poissons nécessitant de nombreuses cachettes, qui plus est, demandant une eau plus acide que la normale, tel les Parosphromenus qui utilisent aussi ce matériau comme support de ponte, ou Betta persephone qui vit continuellement sous le couvert des feuilles tombées à l’eau et jonchant le lit des rus de son milieu naturel. Celles qui nous intéressent plus particulièrement sont les feuilles de chêne et de hêtre. En cela, ces feuilles sont riches en tanin et apporte ce qui manque en matières humiques dans un milieu aussi clos qu’un aquarium. Personnellement, j’utilise les feuilles de chêne. Jacques Nicolas préfère quant à lui utiliser celles du hêtre. Pourquoi ? nul n’en sait rien. Peut être l’une plus tannique que l’autre, moins nocive pour les plantes (il semblerait que le hêtre aurait une action bénéfique sur quelques plantes ?) ; l’une plus grande que l’autre ? Bref, ce qui importe, c’est que chacun y trouve son compte.

Lors de la cueillette de cette denrée tout à fait particulière, il faut veiller à ne prélever que des feuilles exemptent de tâches, tavelures ou autres moisissures. Au retour, il convient de les laver à l’eau claire afin d’éliminer d’éventuels parasites, et de les faire tremper une nuit. Ainsi, elle se décharge d’un peu de leur tanin et du peu de substances nocives qu’elles peuvent encore contenir. D’ailleurs, après ce traitement, l’eau est brune, ce qui veut tout dire. Vient ensuite la phase de la "stérilisation". Cette opération complexe est laissée au bon vouloir de l’aquariophile. La méthode utilisant la chaleur humide est celle qui convient le mieux. La chaleur sèche d’un four rend les feuilles facilement craquantes et moins facile à utiliser. L’ébulition dans un récipient d’eau pendant quelques minutes est pratique. Plus facile peut être, est leur passage au four micro-ondes en évitant de les laisser trop longtemps car elles se dégradent rapidement. Des lambeaux de feuilles "trop cuites" , ou des miettes, sont inutiles ! mais c’est surtout une opération qui assure le déparasitage des feuilles, et qui permet d’éliminer ainsi la petite bête qui peut vous causer quelques ennuis lors de son immersion dans l’aquarium. Après cette opération, il convient de les rincer une dernière fois à l’eau claire avant l’utilisation.

Il est évident qu’il faut prévoir le stockage de ces feuilles pour les mois à venir. Le séchage à l’air libre est la méthode qui convient. Ensuite, il suffit de les empiler délicatement dans une boite aérée et protégée de la poussière. Un bocal clos par un tampon de mousse, et rangé à l’abri de la lumière, fait l’affaire.

Pour une utilisation ultérieure, l’immersion des feuilles dans l’eau claire pendant quelques heures assure leur hydratation et suffit à les rendre à nouveau utilisable.

Voici une technique, parmi beaucoup d’autres, qui permet à l’aquariophile d’apporter un "petit plus" au confort de ses poissons.