Communauté Internationale pour les Labyrinthidés - International Betta Splendens Club

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Vous avez dit Labyrinthidés ?

Cet article a été publié dans le numéro Juillet/Août 2002 du Macropode.

mardi 31 janvier 2006, par Michel DANTEC

Qui sont les poissons appelés Labyrinthidés ? Tout simplement des poissons qui possèdent un labyrinthe, organe annexe de respiration !
Je ne reviendrais pas sur ce nom de famille générique qui a pour synonyme Anabantoïdes, mais souhaite seulement parler d’une façon générale de ces poissons qui sont susceptibles d’être présents, un jour peut-être, dans votre aquarium.

Les Labyrinthidés appartiennent au groupe des Perciformes. Chez ces poissons, la partie avant des nageoires dorsale et anale est composée de rayons mous et la vessie natatoire n’est pas reliée à l’intestin. La systématique des Labyrinthidés est très complexe. Nous avons pu le remarquer avec la nouvelle classification des poissons originaires d’Afrique : Ctenopoma et Microctenopoma publiée dans Le Macropode sous la plume de S. NORRIS et la publication de la clef du genre Betta par K.E. WITTE. Laissons donc aux spécialistes ce travail et parlons plutôt de nos poissons avec un côté plus aquariophile.
Chez les Labyrinthidés, le pionnier du genre est ce fameux Macropodus opercularis arrivé de Chine en 1869. D’un coût élevé à l’époque, lié vraisemblablement à sa rareté et sa petite pointe d’exotisme, le poisson de paradis, ainsi nommé en l’honneur de sa belle couleur et de ses belles nageoires, reste aujourd’hui encore une valeur sûre de l’aquariophilie. Preuve en est, à côté de la forme naturelle, toujours disponible, on remarque maintenant des formes sélectionnées présentant un patron plus ou moins marqué, jusqu’à une forme albinos. Est-ce vraiment nécessaire, je vous laisse juge…

Mais le labyrinthe n’est pas le seul point d’attrait de cette famille. Le mode de reproduction est tout aussi fascinant. Ainsi, M. opercularis construit un nid de bulle, véritable édifice artistique. Le mâle prend de l’air en surface puis l’englobe d’une sécrétion buccale qu’il rejette ensuite sous forme de petites bulles qui s’agglomèrent. Grâce à cette sécrétion, les bulles n’éclatent pas, restent collées et forment comme un nid d’écume. Les poissons fraient sous ce nid qui accueille les œufs et les protège jusqu’à ce que les alevins deviennent totalement indépendants, cela sous la garde vigilante du mâle. La femelle n’est plus tolérée dans la zone immédiate du nid, son rôle étant souvent limité à la défense du territoire de ponte.
La construction d’un nid de bulle n’est pas réservée aux seuls Macropodes. Bien d’autres poissons construisent un nid. En fait, chaque espèce a sa technique. Bulles fines chez Colisa sota (syn. : C. chuna), avec des matériaux végétaux chez Trichogaster microlepis, ou juste quelques bulles éparses chez Parosphromenus. Certains continuent de l’entretenir pendant la surveillance, d’autres ne le font pas. Enfin, ce nid est construit soit à la surface de l’eau comme chez Colisa ou Trichogaster, soit à l’abri d’une cavité comme chez Pseudosphromenus ou bien encore dans un tube comme Malpulutta kretseri.

La consistance des œufs est aussi différente. Chez Helostoma temminckii, ils flottent grâce à une substance huileuse qui rend les œufs plus légers, alors que chez Betta splendens, ils coulent, car plus lourd du fait d’une plus forte présence de vitellus. Les poissons de brousse pondent plusieurs centaines d’œufs abandonnés au gré de l’eau pour les grandes espèces comme Ctenopoma kingsleyae, jusqu’à une quantité moindre pour Microctenopoma fasciolatum qui assure une garde parentale des œufs dans le nid. A cela, une note particulière pour Belontia signata qui développe une ébauche de cellule familiale. Autre particularité à signaler : le nombre d’œufs émis, varie d’une vingtaine à quelques centaines chez les espèces constructrices de nid de bulle.

L’incubation buccale semble être née de l’adaptation de l’espèce face à son environnement. Il est plus difficile de construire un nid de bulle dans une eau vive ou courante. Ainsi, quelques espèces comme Betta picta, mais aussi Sphaerichthys osphromenoides, ont trouvé cette parade pour mener à terme la reproduction. L’incubation dure d’une dizaine à une vingtaine de jours suivant l’espèce pendant lesquels le poisson se retire dans un lieu abrité. A la naissance, les alevins sont la copie miniature de leurs parents et sont capables de se débrouiller seuls. Dans la majorité des cas, c’est le mâle qui incube, exception faite pour Sphaerichthys osphromenoides chez qui l’incubation est dévouée à la femelle.

Dans ces deux cas de figure, que ce soit constructeurs de nid de bulle ou incubation buccale, il y a une parade avant le frai, suivi d’un enlacement typique en forme de U. Le mâle s’enroule autour du corps de la femelle en exerçant une pression sur les flancs de celle-ci afin de l’aider à expulser les œufs qui sont fécondés à ce moment. Cet instant est d’ailleurs bien visible chez les constructeurs de nid ou un léger tremblement affecte le couple, suivi d’un bref instant de torpeur. Le mâle sort le premier de cet état et commence à placer les œufs dans le nid, aidé ensuite par la femelle. Chez les incubateurs, au contraire, c’est la femelle qui récupère la première, puis prend les œufs pour les recracher devant le mâle ou par-dessus lui comme chez Betta albimarginata. Cet échange est très bien coordonné. Ce n’est qu’après avoir tout récupéré de la ponte qu’un nouvel enlacement à lieu. Cela peut parfois durer plusieurs heures…La gorge distendue, le mâle se retire pour incuber pendant que la femelle assure pendant quelque temps la défense du territoire de ponte.

Si le comportement diffère pour la reproduction, il en est de même pour le milieu de vie. Anabas testidineus peut se déplacer sur le sol pour changer de lieu, Parosphromenus, Sphaerichthys et autres petits Betta rouges vivent dans des eaux douces et acides, parmi les débris végétaux, alors que les grandes espèces de Betta incubateurs occupent des zones protégées des petits torrents ou cours d’eau rapide.

Leur taille n’est pas en reste. Du minuscule Malpullutta kretseri ou Parosphromenus ornaticauda avec leur modeste 2.5 cm, au géant Osphronemus gorami qui, avec plus de 60 cm et quelques kilogrammes, sert de source de protéines très appréciée en Asie, la palette est large. A taille extrême, nourriture idem. Des micro-organismes aux gros morceaux, tout est relatif à la taille de la bouche. Autant Parosphromenus est délicat, autant les incubateurs buccaux du genre Betta sont des gloutons. L’éleveur adaptera en conséquence la nourriture.

Notre famille, au sens large du terme, nous permet aussi de fréquenter des poissons dont on dit qu’ils sont des parents proches. Leur parenté est due, soit au comportement, soit à la présence d’un labyrinthe morphologiquement différent selon les espèces.

Ainsi, Le genre Badis, monotypique, semble nous réserver bien des surprises avec la découverte de nouvelles espèces. Il ne faut pas oublier les poissons feuilles, Polycentropsis et Monocirrhus qui sont des espèces au comportement tout à fait particulier. Prédateur dans l’âme, il est hors de question de les maintenir dans un aquarium où vivent de plus petites espèces. Mais cela n’est rien au regard des Channa !

D’une taille variant d’une vingtaine de centimètres à plus de 1 m, il est aisé de comprendre que seules les petites espèces comme C. orientalis ou C. Bleheeri,espèces les plus colorées, sont à la portée d’une majeure partie d’entre nous à cause de la taille des aquariums à fournir. Les grandes espèces sont plus du domaine des musées. Un certain engouement pour ces espèces semble apparaître à ce jour. Question de mode vraisemblablement.

N’oublions pas notre cher Betta splendens décliné en forme et en couleur après de multiples sélections par l’Homme.

Ainsi, voici présentée dans des lignes générales notre famille préférée. Certains d’entre nous sont plus enclins à élever telle ou telle espèce, d’autres se spécialisent dans un genre pour lequel ils ont quelques affinités. Quelques privilégiés nous font partager leur passion au travers des voyages effectués alors que bon nombre d’entre nous attendent l’opportunité pour franchir le pas tout en regardant avec amour leurs poissons.
Si ces quelques lignes n’ont pour intention que de vous présenter un aspect général, sachez qu’il est toujours possible d’en savoir plus… Et oui, vous pouvez participer à l’une de nos rencontres, tel un livre ouvert sur le monde des Labyrinthidés, et cela dès le mois de septembre à Blois…

Bibliographie
Gouramis and other Anabantoïds - H.J. Richter, TFH.
Atlas de l’aquarium Mergus
Aqualog All labyrinths
Le Macropode
Avec la participation de Pascale Hootelé (traduction) & Hervé Galvani (correction).